Le paysage brassicole aveyronnais a vu fleurir des initiatives soutenues par l’énergie du collectif. Tour d’horizon de ces brasseries, véritables fourmilières de talents au service de bières sincères et vivantes.
La Brasserie La Calmette – Le pionnier coopératif
Perchée sur le Causse, entre Millau et Sévérac, la Brasserie La Calmette (commune de Laissac-Sévérac l’Église) fait figure de vitrine du modèle SCOP en Aveyron. Fondée en 2014, elle fédère aujourd’hui 8 coopérateurs, tous salariés ou associés. Leur volonté initiale : créer une brasserie à taille humaine, produisant des bières agricoles en bio, et impliquée dans la vie locale jusque dans les moindres détails.
Chiffres-clés (2023, source : Midi Libre) :
- 2 500 hectolitres brassés annuellement – l’une des plus grosses productions du département.
- 100 % malt et houblons bio français (quand le climat le permet !).
- Participation à une AMAP locale, et ventes à la ferme chaque semaine.
- Bière emblématique : la “Caussenarde Blonde”, légère et florale, référence plébiscitée aux marchés paysans.
La Calmette multiplie aussi les initiatives originales : ateliers partagés de brassage amateur, chantiers participatifs pour la rénovation de la brasserie, ou encore soutien à diverses associations locales – preuve que la coopérative, ici, ne s’arrête pas aux seules portes du chai de fermentation.
La Boussole – Naviguer sur les saveurs en mode SCIC
À Villefranche-de-Rouergue, la Brasserie La Boussole s’est illustrée dès ses débuts par son choix du statut SCIC. Ici, la gouvernance ouvre ses portes aux consommateurs, collectivités locales, et acteurs économiques régionaux, en plus des salariés. Un modèle conçu pour structurer un projet entièrement dédié à la valorisation de l’artisanat local et à la transition écologique.
La Boussole, c’est :
- Une gamme de bières certifiées bio, brassées sur site, avec une attention marquée aux circuits courts (utilisation de malts issus d’Occitanie en priorité, quand les stocks le permettent).
- Des événements thématiques organisés chaque saison (marchés nocturnes, concerts, séances de brassage participatif).
- Plus de 20 membres “non salariés” associés à la gouvernance, ce qui permet une grande diversité d’idées et de regards sur la brasserie et son développement.
L’engagement environnemental est particulièrement affirmé : cuves de récupération d’eau de pluie, favorisation du vrac pour limiter le packaging, et même des essais de bières confectionnées à partir de pain invendu récupéré auprès des artisans boulangers du coin.
Les initiatives émergentes et collectifs de brassage partagé
Au-delà des deux principaux exemples précités, l’esprit coopératif infuse d’autres structures aveyronnaises, parfois sous forme de collectifs informels ou de brasseries partagées.
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Brewpub La Crafteuse, à Rodez : Un collectif de brasseurs artisanaux y mutualisent matériel et expertise. Si le statut strict de SCOP n’est pas revendiqué, la gouvernance horizontale et les recettes collaboratives s’en inspirent fortement.
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Le collectif “Brasseurs du Ségala” : Plusieurs microbrasseurs de la région de Baraqueville s’organisent pour acheter leurs matières premières en groupe, partager les coûts logistiques, organiser des dégustations communes, et parfois élaborer une “cuvée amicale” annuelle.
Si toutes ces initiatives ne relèvent pas du cadre juridique d’une coopérative, elles témoignent d’un mouvement profond : la bière y devient projet collectif, entre aide et convivialité, et les frontières entre amateurs et professionnels s’estompent au profit de la culture du partage.