Le choix des matières premières : la noblesse du local et du bio
Tout commence par la sélection rigoureuse des grains – principalement de l’orge de printemps, mais pas seulement. Certains brasseurs s’appuient sur du blé, du seigle, ou de l’épeautre issus de l’Aveyron, car, ici plus qu’ailleurs, la diversité des cultures contribue à la personnalité des bières. Le houblon – la petite révolution en Aveyron ces dernières années – bénéficie d’un regain : on le cultive à Saint-Geniez, sur le Ségala, ou sur les pentes de l’Aubrac (source : Aveyron Houblon). Pour les levures, si beaucoup recourent à des souches commerciales bio certifiées, quelques rares maisons re-cultivent des levures du cru, pour retrouver la typicité d’antan.
- Orge et céréales secondaires issus de partenaires locaux bio, parfois en circuit court direct depuis les fermes.
- Houblons aveyronnais, désormais possibles bien qu’encore très minoritaires (90% du houblon bio utilisé reste importé d’Allemagne ou de République tchèque, selon FranceAgriMer).
- Levures bio, avec quelques essais de levures indigènes, dans une quête de naturalité ultime.
Un process à visage humain et sans artifices
Le brassage bio ne diffère pas radicalement techniquement d’un brassage classique, sauf sur quelques points cruciaux :
- L’eau de brassage doit être pure, non traitée et sans résidu chimique (en Aveyron, le captage direct de sources ou de lacs de montagne donne un profil minéral apprécié).
- Le nettoyage des installations doit respecter le cahier des charges bio, excluant beaucoup de détergents industriels classiques.
- Le brassage, la fermentation, la mise en bouteille ou en fût se font, la plupart du temps, sans adjonction d’enzymes ou de conservateurs autres que ceux habituellement présents dans la bière artisanale.
Avec souvent moins de moyens techniques que les grands groupes, ces brasseurs bio travaillent avec rigueur les paliers de température, ajustent les recettes selon la qualité annuelle des grains et du houblon, et ne cherchent pas à masquer d’éventuelles imperfections. Ici, le goût évolue, le millésime existe !
L’embouteillage, la traçabilité et l’exigence du contrôle
Chaque lot de bière bio doit pouvoir être retracé jusqu’à la parcelle d’orge ou de houblon d’origine. Les brasseries tiennent des registres complets, et les contrôles surviennent inopinément. Les audits d’organismes agréés sont stricts, et toute entorse au protocole – même involontaire – peut conduire à un retrait du label AB sur une cuvée.